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Symposium du 26 octobre 2012 : Mécanismes épigénétiques et cancérogénèse environnementale

Le 26 octobre 2012, salle Albert 1er de l’Académie Royale de Médecine de Belgique, s’est tenu le premier Workshop international de l’ECERI, l’Institut européen de Recherche sur le cancer et l’environnement, ayant pour titre : « Environmental carcinogenesis : a focus on epigenetics».

L’ECERI nouvellement créé dont le siège social est à Bruxelles, et que préside le Pr. D. Belpomme (cancérologue à Paris), est un regroupement de plusieurs centres de recherche européens ayant pour objectif de faire progresser les recherches dans les domaines des liens entre cancer et environnement et les méthodes de prévention primaire qui en découlent. Les Pr Janos Fruhling et Luc Montagnier co-président le conseil scientifique de cet organisme, qui comprend des personnalités scientifiques internationalement reconnues. Si l’ECERI s’adresse prioritairement au cancer, il ne néglige pas pour autant les autres affections chroniques, telles que l’obésité, le diabète de type 2, l’autisme et la maladie d’Alzheimer pour lesquelles on a pu récemment mettre en évidence aussi un lien avec l’environnement. C’est ce qu’a rappelé le Pr. Belpomme dans son introduction. Le concept de cancérogenèse environnementale qu’il a été l’un des premiers à promouvoir, provient du fait que dans la très grande majorité des pays l’incidence des cancers ne cesse de s’accroitre depuis ces dernières années et que les facteurs de risque classiques liés au vieillissement des populations et/ou au style de vie, tels que le tabagisme, l’alcoolisme, les déséquilibres de régime alimentaire, la sédentarité, etc. ne peuvent pas, à eux seuls, rendre compte de cet accroissement. Ainsi la dégradation physique, chimique et biologique de notre environnement – en particulier la présence de très nombreux polluants cancérigènes, mutagènes et/ou toxiques pour la reproduction– doit être considérée. C'est d'ailleurs un tel message qu’était venu délivrer en 2005, à l’Académie, le Pr Belpomme accompagné du Pr Luc Montagnier.

Or aujourd’hui, les progrès de la biologie moléculaire et plus particulièrement  le développement de l’épigénétique permettent de comprendre un tel rôle de l’environnement. C’est ce qu’a expliqué Zdenko Herceg, responsable de la section « mécanismes de la cancérogenèse » et du groupe « épigénétique » à l’Agence internationale pour la recherche sur le cancer, l’IARC (Lyon, France), en rappelant ce qu’était l’épigénétique et en montrant comment un dysfonctionnement de l’épigénome, lequel est situé à l’interface entre les influences environnementales et le génome proprement dit, pourrait induire la survenue des cancers et leur développement, les altérations de l’épigénome – la présence d’épimutations – intervenant le plus souvent de façon négative au niveau de l’expression des gènes, de la détoxification des carcinogènes, de la réparation de l’ADN et de la régulation du cycle cellulaire.

    De façon plus précise, Lucia Migliore (Pise, Italie) et Vincent Castronovo (Liège, Belgique) ont alors exposé leurs travaux concernant les cancers du colon-rectum, la première en montrant les anomalies du méthylome au niveau du « promoteur » de certains gènes, le second en insistant sur le rôle du microbiote et plus particulièrement sur l’effet apoptogénique du n-butyrate que synthétisent les bactéries de la flore colique. Dans le cadre d’un exposé clair et précis, François Fuks (Bruxelles) a relaté ses travaux concernant le methylome de l’ADN dans les cancers du sein et a tenté de corréler les différents profils épigénétiques obtenus avec l’occurrence clinique.

      A partir du modèle des leucémies aigues de l’enfant, le pédiatre Ernesto Burgio (Palerme, Italie), représentant l’ISDE (International Society of Doctors for Environment) a insisté sur l’origine in utero des cancers de l’enfant (dont l’incidence est croissante) en discutant l’hypothèse selon laquelle des mécanismes épigénétiques transplacentaires et transgénérationnels d’origine environnementale pourraient être en jeu.

      Nick Osborne (UK), en prenant l’exemple du tungstène, a fait état d’un risque augmenté de cancer en raison de l’inflammation induite.

      Isabelle Mansuy, travaillant au Brain Research Institute de Zurich a montré expérimentalement chez la souris que les traumatismes psychologiques pouvaient induire l’apparition de troubles cognitifs et du comportement en raison de la mise en jeu de mécanismes épigénétiques, et point fondamental que les troubles se transmettraient à la descendance.

      Ainsi pourrait-on être amené à réhabiliter l’hypothèse selon laquelle certains cancers pourraient être induits par un stress psychologique.

      Enfin Philippe Irigaray (ECERI) et J.Andrew Pospisilik, du Max Planck Institute (Freiburg, Allemagne) ont étendu le champ de l’épigénétique aux maladies complexes, telles que l’obésité et le diabète de type 2, le premier en insistant sur le rôle crucial des mitochondries, le second à partir de modèles expérimentaux, sur la régulation épigénétique de la sécrétion d’insuline et du tissu adipeux.

        Documents du colloque à télécharger

        Présentation de Zdenko Herceg, IARC Lyon

        Présentation de Zdenko Herceg, IARC Lyon

          M. Van de Loo, Commission Européenne, M. Belpomme, M. Irigaray, ARTAC, M. Bruno Schiffers, Université de Liège

          M. Van de Loo, Commission Européenne, M. Belpomme, M. Irigaray, ARTAC, M. Bruno Schiffers, Université de Liège

            M. Castronovo, Université de Liège et M. Herceg, IARC, Lyon